Ils résident partout dans la musique...
Ca va faire bientôt un an.
La 30ème édition des Transmusicales approche et bien évidemment j'y serais, c'est l'occasion de revenir sur le gros concert que j'attendais l'an passé, revenu spécialement pour eux de paris. Le fantasmagorique groupe avant-garde (et ce même après 40 ans d'existence) : The Residents. En voici le compte-rendu du concert au parc expo de rennes, hall 3, 6 décembre 2008 :
The Residents et l'art d'être où on ne les attend pas, puisque
c'est comme cela qu'ils ont toujours fonctionné. Ils sont devenu
mythiques et il fallait bien vérifier cela en concert !
Alors la seule date française de leur tournée pour un groupe plutôt
rare sur scène c'est évidemment alléchant, ça le devient encore plus
quand ça l'est aux Transmusicales et non plus dans une banale salle
parisienne.
Même après avoir écouté le disque du Bunny Boy
qui est à 1ère vue plutôt accessible, on y va à l'aveugle. Le décor est
déjà planté, deux parties de chaque côté de la scène avec une porte
centrale au milieu.
Les Residents arrivent modestement sur scène et surtout anonymes,
autrement dit cagoulés, costume en queue de pie, des lampes de chaque
côté de la tête et des oreilles de lapins en guise de couronne. Car
c'est l'album du Bunny Boy
qui va être au centre des attentions et joué entièrement. Claviers,
percussions électronique et guitare leur suffisent pour accompagner
l'autre, pour ne pas dire unique star de la soirée: le Bunny Boy.
Le Bunny Boy est un bel allumé; barbe et cheveux gris, avec une voix
rauque. Durant tout le concert il arpentera la scène, assurant la voix
principale de cette pièce musicale. Oui ce concert n'en est pas
vraiment un, n'oubliez pas que ce sont les Residents, refaire du Eskimo ou un Third Reich'n Roll
n'aurait pour eux aucun sens, même si ça n'aurait pas déplu à certains
fans dans le public qui auraient aimé quelque chose de plus... tribal
ou expérimental ?
En plus de la musique, en plus de cet acteur, on retrouve la vidéo. Des
vidéos filmées à la 1ère personne en quasi amateur par le bunny boy qui
veut résoudre une quête, c'est là toute l'intrigue du show et de
l'album, un personnage tourmenté, obsédé et confiné dans une pièce, une
cave qui montre tout son reflet, des lapins et autres références
partout sur les murs. On le voit lire des e-mails et regarder des
vidéos sur Youtube pour résoudre son dilemme, prendre à témoin
continuellement le public et finira lui-même déguisé en lapin. Oui je
avais dis que c'était un allumé. Tout cela évidemment sur le fond
musical des Residents. Le rythme est discontinu: les vidéos
s'imbriquent entre chaque chansons qui illustre plus ou moins l‘idée ou
le contenu de la vidéo. Cela peut gêner et c'est voulu, les Residents
sont à prendre comme ils sont, c‘est leur œuvre, le Bunny Boy
a été conçu pour cela, comme une sorte de masque, une illusion pour
détourner l‘attention du spectateur vers le Bunny Boy et non pas sur
eux, c‘est un côté théâtre qui arrange tout le monde. Alors au final on
s'habitue et on se prête même au jeu; que va-t-il arrivé au prochain
épisode, à la prochaine chanson ?
Je remarque que les chansons sont
légèrement réarrangées mais bien reconnaissable: la folie du Bunny boy
n'est pas totalement destructrice mais ne communique pas non plus,
chose que l‘on aurait peut-être pu apprécier, mais ici la musique des
Residents sert plutôt de catalyseur, ils l‘aident, l‘accompagnent avec
leur musique dans son aventure.
A partir de là comment réussir à juger vraiment un "concert", un
concept comme celui-là ? L'essai d'une œuvre complète à la manière des
Residents mais sans y mettre aucune prétention. Sur scène comme en
studio les Residents sont fidèles à eux-mêmes.