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Golden Boy, Gigs, Music & Shower
19 mars 2011

Your mother wouldn't like it

Dieu a décidé que j'étais inarrétable en ce moment...

Je mets en ligne ici le texte que j'avais proposé au concours de nouvelles l'an passé. Un concours sur la nouvelle rock.  Voici le site en question. Je n'ai rien gagné il n'y a que leurs potes écrivains et ceux qui sont déjà dans le milieu et qui ont déjà été parus qui gagnent. Mais j'ai remarqué une chose assez  ridicule dans les conditions de participation qui tiens du big lol voyez plutôt  :

"le thème de la 3ème édition du concours [...] est libre" (sic) puis plus loin : "cela peut-être par exemple : 1) l'illustration d'un des morceaux suivants [...ndr : exemples des morceaux genre AC/DC ou Bob Dylan] 2) Sexe et Rock'n Roll 3) Rock et satanisme. Tout le réglement est disponible ici.

On sent donc une grosse orientation mais bon apparemment le sujet est libre mais sinon on aimerait que vous écriviez sur nos artistes préférés hein.  C'est bien pour cette raison que les journalistes doivent rester des journalistes et pas foutre leur nez partout et laisser la littérature ou elle est. Dès qu'un journaliste se prend pour un écrivain on court en général à la catastrophe (je parle des journalistes modernes et ce genre de journaliste ça ne remet pas souvent en question. Mais ya de l'espoir cette année il y a Michka Assayas dans le jury pour compenser la présence du dinosaure Philippe Manoeuvre. Mais bref je m'éloigne un peu trop du sujet.

Mis à part ça c'était quand même intéressant de se prêter à l'exercice. Peut-être vais-je proposer un nouveau texte cette année ? J'ai déjà trouvé l'intrigue qui est assez simple mais c'est aussi bien, il s'agit de Rock après tout. C'est tout con l'idée je l'ai trouvée en me brossant mes dents, mon esprit aime vagabonder dans ce genre de moments, lorsque je me fais chier. Ces moments quotidiens que l'on fait tous les jours, il fallait bien que je m'évade d'une manière ou d'une autre.

Voilà donc le dit texte de l'an passé. J'aurais pu faire mieux mais je n'avais pas vraiment la motivation vu que ce concours sentait déjà l'arrangement entre amis. La pensée qui m'a réchauffé le coeur c'est qu'ils ont eu 2 fois plus de texte que l'édition précédénte... 2 fois plus de textes à se farcir mais c'est aussi bien, si ça peut pousser les gens à écrire, et bien ce sera toujours une bonne chose.

Le titre de ma nouvelle : Your Mother Wouldn't Like It. Un homme à Led Zeppelin je n'ai pas pu m'en empêcher : c'est une phrase prononçée par le MC qui annonçait le groupe lors de ses mythiques dates à Earl's Court en 1975, concerts que l'on classe facilement dans leurs meilleurs qu'ils ont donnés. Phrase qui introduisait parfaitement ce qu'il allait se passer pendant les 2h45 suivantes. Une annonce tonitruante pour marquer le coup, d'ailleurs le soir suivant c'est une ex-pornstar qui fit l'annonce, plaisant la vie d'une rock star en tournée n'est-ce pas ? Le texte est volontairement assez court, on pouvait écrire jusqu'à 8 pages j'en avais utilisé la moitié.

 

Pour plus de confort je vous conseille de prendre la version du texte qui est  disponible en pdf sur ce lien : concours_ROCK__M_Gauron____Your_Mother_Wouldnt_like_it

ou alors vous pouvez le lire sur ce blog si vous le désirez...Bonne lecture à vous :


Your Mother Wouldn't Like It


Phoenix


«Welcome fellas ! You're on KRCR Arizona, 93.7 and that's your servant Bobby McGarry on air...it's 2:00pm here in Phoenix, the weather is outstanding...don't forget your sunglasses and be cool because right now we are going with one full hour of DIRTY rock music...and we know your mother wouldn't like it ! »

Je n'entends plus l'annonce. Juste le brouhaha mélangé de la route et celui de Bobby McGarry. Il fait déjà trop chaud, en plus je connais la chanson. Les lunettes de soleil, la bouteille de whisky sont calés sur le siège passager et sur les cent dollars avec lesquels je vais conquérir la cité des Anges. Le pied sur l'accélérateur, le moteur crache, la vieille carlingue tremble. Climatisation cassée ? Je ne sais même pas s'il y en a. De doute façon je quitte les ondes de Phoenix, je quitte l'Arizona. Direction l'Ouest. Le paysage sec et dépouillé qui s'offre à moi sera mon compagnon pendant ces quelques heures, avant la conquête de Los Angeles. C'est le second paradis du vice avec Vegas où j'étais quelques jours plus tôt. Elvis et les machines à sous en moins. La route est longue, toujours vers l'Ouest. J'espère qu'en Amérique tous les chemins mènent à Los Angeles sinon je suis mal barré. Moi et  la ville des jeunes en devenir, du rêve, du cinéma d'hollywood, de l'opportunisme, des agents, des artistes partout sans parler de leurs pornstars comme voisines. Aucun doute c'est la cité des Anges, everything is possible, Los Angeles est le rêve américain. Mon rêve américain. Tout est superficiel, éphémère. Alors tel un cowboy du far west, moi, mes lunettes de soleil, mon whisky et mes cent dollars on compte bien se faire L.A.

Le shériff du comté semble vouloir décider autrement. Pas de bol car il est de service sur la route aujourd'hui. C'est pas avec ma carlingue que je vais dépasser le mur du son, quoique ça me dérangerait pas. Seulement, elle est tellement pourrie que c'est pas vraiment permis de rouler avec. J'ai jamais eu besoin de rouler dans une lexus dernier cri à quinze mille dollars. Le shériff est pas un mauvais gars mais pour le principe il doit vérifier la bagnole. Je dois avoir belle allure devant lui avec mon t-shirt crasseux, les cheveux collés par la sueur et l'émission de Bobby en fond. Tout le monde connaît Bobby à Phoenix, et si tu connais Bobby c'est que tu es cool. C'est comme un passe-droit. Excepté pour les vieux schnocks...enfin on est pas dans l'Utah, et heureusement. Quoiqu'il reste quelques polygames là-bas, alors on sait jamais, un rockeur avec sa horde de groupies du côté Ouest et le mormon bien heureux avec ses femmes côté terre. Chacun son rêve. Sourire d'abord crispé du shériff : il a vu la bouteille de Jack Daniel's. De toute façon elle est pleine et encore scellée, personne picolerait par cette chaleur et mon vieux flic le sait. Il se déride quand il entend la voix de Bobby sortir de  l'autoradio...ou est-ce les cent dollars qu'il a repéré sur le siège. Shit. Bon ce n'est pas ça qui va bloquer ma route.
Vingt dollar dans sa poche et c'est reparti...ce n'est pas un mauvais gars.

Disait-il « Keep on going » ou « Keep on rockin' » en partant ? Va savoir.

Los Angeles

« Hi ! Henry Rollins is talking to you on KRCW... Santa Monica and L.A can you hear me now ? If you don't it'll be a pleasure to blow your ears with this song of The Dead Kennedys...and don't forget it's gonna be hot on the Sunset boulevard : Whisky A-go-go and Troubadour's line-up are quiet cool tonight...stay tuned guys ! »

Les travailleurs rentraient chez eux sans attendre. La nuit commençait tout juste à tomber : un autre univers prenait place et tous le savaient, le cycle était presque malsain tant il devait être habituel ici. Je parcourais les rues sans but précis que d'être là et sans programme défini jusqu'à maintenant. Jusqu'à cette annonce d'Henry Rollins.

Je suis là pour ça. La carlingue me permet de passer dans certains quartiers sans être inquiété. Mais je m'en fous, 80 dollars en poche une bagnole pourrie et une bouteille d'alcoolique je ne suis pas très différent d'eux après tout. Je ne cherche pas la différence je ne cherche pas l'exaltation je veux juste être là. Sunset Boulevard. Je ne sais plus quel club j'ai choisi en 1er, quelques personnes se reconnaissent, trinquent ensemble. Les verres s'enchainent, les chansons et les passages dans les toilettes aussi.  J'ai pas besoin de ça, je n'aime pas ça. Mais après tout je leur ressemble aussi quand je veux paraître plus puissant. A Los Angeles il faut montrer son ego pour exister pour survivre, cela fait les gens commencent à vous respecter. La tension monte au fil des verres, de la poudre et de la musique. Le groupe aurait-il ramené son propre dealer ?
Je la remarque, blonde ou châtains je ne sais plus, je ne pense pas que cela ait de l'importance. La tête dodelinant, un verre à la main, un sac en bandoulière avec son sourire sur le coin de la bouche. Je ne sais plus si je l'ai accosté, ou si l'autre abruti l'a fait, en tout cas j'étais là, pas loin. Puis je suis passé plus près, bien plus près. Mal-entendu ou volontaire ? la tension éclate, la musique les mots et les verres aussi. Apparemment j'ai la gueule en sang mais je ne sens rien... pas encore. On se nettoie dans les toilettes les effluves de poudre parfument la pièce, je me demande depuis quand les produits exotiques sont à la mode.
« - On bouge ?
- Ouais allez viens...
- Où ?
- On verra bien, ce sera toujours mieux qu'ici. »
Pas de besoin de plus. Nous nous arrêtons devant le second club qui paraît tout aussi chargé, à croire que tout le monde écoutait la radio ce soir. Un simple regard suffit pour se comprendre et les verres suivent. Je ne l'avais pas remarqué mais elle est nerveuse. Ce ne sont pas mes affaires alors je laisse filer après tout je passe une bonne soirée.

Impasse sombre, musique d'autoradio, banquette arrière de la carlingue.
Je suis encore autre part... son attitude a changé, elle est différente. Il y a de multiples interactions et contacts entre nos peaux, nos mains et nos bouches. Parfum mélangé d'alcool, de poudre et de clopes. Je ne sais plus comment on a commencé...J'apercevais tout à l'heure une petite boite rectangulaire dans son sac. Cela doit y être pour quelque chose. Bobby disait un jour quand il se rappelait d'une vieille tournée au japon avec son groupe, ils savaient rarement qui apportait quoi et ce qu'ils prenaient mais qu'à la fin ils étaient sûr d'une chose : ils ne savaient plus qui ils étaient. Elle me tend un cachet pour un nouveau changement de programme :
« Prends ça, tu sentiras les effets quand on arrivera chez moi »
J'ai du le sentir avant je ne me souviens pas du trajet...seulement d'être affalé sur un fauteuil dans une piaule, des affaires partout ainsi que d'autres boîtes rectangulaires, des seringues et d'autres choses que je ne peux encore reconnaître. Je ne sais pas dans quel état je suis, je ne sais pas qui je suis. Elle expire une bouffée de cigarette, sur moi, nous sommes toujours en sueur ça n'arrête plus je sens ces odeurs il y a de la musique son corps qui bouge sur moi mes sens sont en ébullition on ne s'arrête plus on y arrive plus je suis la musique  pendant ce que je crois être un long moment. On baise on frappe on mord, chaque objet de notre environnement est bon pour soutenir cette frénésie il y a de la casse le sang coule à nouveau, quand nous n'en pouvons plus nous restons scotchés, amorphes nous sommes autre part. Je ne peux pas dire ou. Je ne sais pas si nous sommes ensemble. Comme si j'étais à deux endroits différents.
J'émerge peu à peu. Elle est  à mes côtés nous sommes nus. Je préfère nettement avoir la gueule de bois, j'ai le réflexe de m'habiller puis de partir. Ou ? Prendre un petit déjeuner serait un bon début.



Phœnix


« Welcome back fellas ! You're still on KRCR Arizona, 93.7 on Phoenix and your servant Bobby McGarry knows how to keep you awake during this hot night, with a real true and psychedelic rock music. I'll get you high ! So take it easy on substances because we know your mother wouldn't like it naughty guys ! »

La carlingue ne m'a jamais quittée...j'aperçois au loin les lumières de Phœnix qui brillent à travers la nuit. Je ressens encore parfois les effets de ce que j'ai fais à L.A. C'est une sensation étrange. Je ne sais pas si j'ai conquis l'Ouest, je ne pense pas que cela ait de l'importance. Continuer à avancer est naturel, je n'aime pas être immobile.

Quelque part un téléphone sonne, une jeune femme décroche :
«Oui docteur...il n'y a eu aucun changement. Le patient est toujours en état de coma sa pression intracrânienne  était juste un peu élevée à cause des médicaments. Je le nettoie ensuite l 'équipe de nuit prendra le relais, bonne fin de journée.»

Quelque part un gars un peu simple est toujours en Arizona au volant d'une vieille carlingue.

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