« If they dont like it now, they will » Albert Ayler
« If they dont like it now, they will » Albert Ayler
Une phrase qui reflète bien l’état d’esprit ainsi que la détermination d’Albert Ayler, saxophoniste et pionner du free-jazz dans les années 60 aux Etats-Unis. Quand on pense Free-Jazz, on pense d’abord à John Coltraneici pour inaugurer son blog)…
Oui évidemment quand on parle de free on a du mal à l’occulter, ce Trane. L’histoire du jazz et de la musique a donc un peu desservi à ce jeune saxophoniste originaire de Cleveland, dont la carrière fût aussi fulgurante que courte, trouvant la mort mystérieusement par noyade à 34 ans.
C’est en 1962, à 24 ans donc, qu’Ayler aura véritablement l’illumination. En séjournant en suède, ou il aura quelques projets. Mais c’est en se rendant dans la région nord de la suède, la Laponie qu’il a un choc. En tant que jeune noir américaine, jamais il n’avait connu la magnificence de l’aurore boréale…voir à minuit le soleil toujours levé, voir à l’horizon…ceci, Albert Ayler en fût presque ébloui. Durant de longues minutes à contempler une œuvre de la nature qu’il ne connaissait pas…on peut supposer alors que sa vision du monde change, ses proches confirmèrent que son voyage en suède avait été important pour lui. Cette nature qui l’a marqué, cette vie…se retrouve dans sa musique, dans son amour pour la vie. Un engagement qui fût malgré tout différent d’autres comme Coltrane.
Difficile pourtant de se dire cela quand on écoute à la première oreille l’œuvre d’Ayler. Une musique bien caractérisée par le free-jazz, des dysharmonies, des dissonances à n’en plus finir…et pourtant. C’est là que s’élève son cri pour la vie. L’homme à la barbichette blanche prend corps avec son corps et vit sa musique, se balance d’avant en arrière car la vie est en perpétuel mouvement alors Ayler suit le mouvement. Un grain de souffle caractéristique comme les autres grands Coltrane, Gordon, Braxton, Parker et j’en passe. Ayler ne va pas forcément vite, mais il donne de la puissance, et de la force, beaucoup de force pour s’élever, pour partir dans cette cacophonie, à la limite de la trance, un effet peut-être recherché inconscient par Ayler.
Son hymne à la vie il l’improvise et réarrange à tous les concerts grâce à l‘improvisation. Pas toujours des plus facile pour le public qui ne comprend pas forcément, cette espèce de bruit orchestré… "s’ils ne comprennent pas maintenant, il comprendront demain" dira-t-il toujours obstiné et sûr de lui. Même chez certains de ses pairs il sera controversé, durant ses périodes à New-York, Miles Davis ne cherchera qu’à l’écarter « faites le dégagez ! ». Ayler ne fait donc pas l’unanimité mais s’octroie musiciens de taille comme Don Cherry, Gary Peacock… mais aussi des relations et collaborations avec John Coltrane, Ornette Coleman, Cecil Taylor, eux aussi des piliers du mouvements free, plus engagés politiquement également, mais la politique c’est trop précis pour Ayler. Il joue pour lui, pour lui et la musique voilà ce qu’il importe, ressentir la musique. Voilà pourquoi Ayler s’en fout. Et lorsque le Trane meurt en 67, une de ses requêtes était que Coleman et Ayler joue ensemble pour ses funérailles…Alors les voici, à l’église St Peter, Ayler vêtu de blanc reflétant les rayons du soleil qui passent à travers les vitraux, une image divine dans toute cette foule venu rendre hommage au Trane, figure de la nouvelle musique noir, de la nouvelle expression. Outrepasser la ségrégation…Ayler ne jouait pas pour les blancs ou les noirs, il jouait pour les deux. Voilà pourquoi on peut trouver dans sa musique des traces de gospel, ou d’orchestrations grandiose pour réunifier les hommes, choquer, ouvrir les yeux.
Malheureusement peu de lives vidéos disponible. Je ne saurais que trop vous conseillez le documentaire réalisé très récemment par un suédois qui sortira prochainement en DVD ! Très bien fait, très bien documenté. « My Name is Albert Ayler ». (http://www.mynamisalbertayler.com ) que j’ai découvert au festival étonnants voyageurs le week-end dernier alors que j’alternais entre plages et festival, je ne fus pas déçu, une grande révélation lors de cette toute 1ère diffusion en France, nous avons même eu le droit à un petit entretien avec le réalisateur après la projection ! (l’ami Metus lui rend un petit hommage
Pour commencer à l'écouter je vous conseillerais Spiritual Unity, ou bien alors les albums de sa "fin de carrière" ou encore tous ses autres albums avec divers collaborations comme avec Don Cherry.